C’est une compétition suivie par plus d’un milliard de personnes à travers le monde, et particulièrement en France où évoluent de nombreux joueurs africains et où vivent de nombreuses personnes issues de l’immigration africaine. C’est une compétition où s’affrontent les meilleurs joueurs de tout un continent, pour peu que ceux-ci aient trouvé un accord avec leur club pour les libérer parce que ce tournoi a le malheur de se tenir en même temps que les championnats nationaux européens. Et c’est surtout un tournoi qui marquera à jamais les cœurs des joueurs et des supporters de l’équipe gagnante.
Mais bien que la CAN soit une compétition difficile à remporter car le niveau entre les différentes équipes est très similaire, et que la liesse populaire s’empare souvent des fans victorieux au soir de la finale, comme la victoire de l’Algérie en 2019 l’a prouvé, le rêve de tout joueur, d’où qu’il vient, restera toujours la Coupe du Monde. Et pour l’instant, les équipes nationales africaines sont bien loin d’avoir pu soulever le trophée le plus prestigieux du football mondial, mais la question est de savoir si le continent noir aura un jour la chance de compter parmi ses frontières le pays champion du monde.
De multiples obstacles
A première vue, le chemin est encore long, et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, les infrastructures sportives en Afrique sont bien moins développées que sur le Vieux Continent ou en Amérique du Sud. Ce retard technique empêche le repérage et la formation des meilleurs éléments du continent, les écoles de foot étant pratiquement inexistantes à l’exception des plus grandes villes. D’ailleurs, la plupart des meilleurs joueurs africains ont souvent effectué l’intégralité de leur formation en Europe, jouant même avec les équipes de jeunes de leur pays d’adoption avant de revenir sous les couleurs de leur pays d’origine à l’âge adulte.
Ce système explique aussi la deuxième grande difficulté des pays africains résultant de la double nationalité de nombreux footballeurs. Les tout meilleurs choisiront presque toujours de jouer pour le pays européen, offrant de meilleurs challenges, de plus grandes chances de victoire et des équipements de meilleure qualité. Ce seront donc toujours les joueurs un peu moins bons qui iront défendre les couleurs des pays africains. Le meilleur exemple de cette situation se trouve dans la famille Pogba, bénéficiant de la double nationalité française et guinéenne. Paul, un des meilleurs milieux du monde, actuellement à Manchester United, a opté pour la France, alors que Florentin, beaucoup moins talentueux et jouant au FC Sochaux en Ligue 2, compte 21 sélections avec la Guinée. Ce pillage des meilleurs éléments du continent est peut-être la raison principale des difficultés des pays africains en Coupe du Monde, car affaiblissant leurs effectifs tout en améliorant ceux, déjà pléthoriques, des pays européens, et notamment la France.
Un passé peu glorieux
La CAN qui vient de débuter en ce mois de Janvier, avec la victoire inaugurale du Cameroun face au Burkina Faso, devrait être âprement disputée, mais il y a peu de chances de voir le vainqueur final briller de la même manière l’hiver prochain lors de la Coupe du Monde 2022 au Qatar. Ainsi, même si l’Algérie est la grande favorite de cette CAN, elle n’a largement pas les faveurs des pronostics lors de la prochaine Coupe du Monde, puisqu’avec une cote à 150,00 pour une victoire finale, elle se trouve derrière des pays comme les Etats-Unis, la Serbie ou encore le Chili. L’Algérie n’est d’ailleurs pas encore sûr d’être présente au Qatar car elle devra passer par une périlleuse ultime phase de confrontations directes face à une autre équipe africaine afin de valider sa place.
Enfin, l’histoire de la Coupe du Monde ne plaide clairement pas en faveur des pays africains puisque seules 8 nations différentes ont remporté les 21 éditions, et le dernier vainqueur inédit fut l’Espagne en 2010. Pire, jamais un pays africain n’a atteint les demi-finales de la compétition. Le Sénégal en 2006 et le Ghana en 2010 ont connu deux éliminations terribles en quart de finale, spécialement pour la Ghana avec un penalty raté à la dernière minute. Même si le foot est un sport imprévisible et que les surprises sont légion, voir un « petit » pays remporter la plus importantes des compétitions sportives du monde semble impossible.
Nul ne connaît le futur
L’unique espoir africain réside dans le fait que le football est extrêmement populaire sur le continent, plus encore qu’en Europe et d’un niveau similaire à l’Amérique du Sud, car c’est le sport le plus accessible à toutes les classes sociales et chaque village compte son terrain de football. Avec le développement infrastructurel du continent et la fin de la grande pauvreté, l’Afrique pourrait espérer devenir un concurrent sérieux face aux ogres européens, et aurait surtout de nouveaux arguments à faire valoir pour que les joueurs à la double nationalité choisissent leur pays d’origine. Si tout cela ne se passera pas en quelques années, le monde change et un champion du monde africain pourrait révolutionner le football mondial avant la fin du siècle. Pour la beauté du sport, on ne peut que le souhaiter à tous ces supporters africains pleins d’espoir qui devront toutefois encore se contenter de la CAN en 2022 pour espérer remporter un titre.